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le quartier saint-séverin

n’habitent pas sur la rue étouffent ; l’air était derrière les façades et il est désormais devant ; de même pour les arbres : ils ont sauté par-dessus les maisons et ils s’étiolent, actuellement, à la queue-leu-leu, sur des trottoirs, les pieds pris dans des carcans de fonte. En somme, l’espace est le même qu’autrefois, mais il est réparti d’une façon autre.

Ajoutons qu’au temps passé l’on respirait à l’aise chez soi, dans de hautes et de salubres chambres, et que maintenant l’on s’anémie dans de minuscules loges dont les cloisons de papier et les plafonds bas laissent filtrer tous les bruits. Personne ne peut plus souffrir en paix, si son voisin dont il lui faut, malgré lui, subir la vie, est père.

Ni silence, ni bouffées de verdure, ni place pour se mouvoir au dedans ; aucun moyen de s’abriter du chaud et du froid au dehors, tels semblent être les résultats obtenus par ce fameux progrès dont tant de jobards nous rebattent les oreilles, depuis des ans !

Je ne vois pas, en tout cas, ce qu’au point de vue de la salubrité et de l’hygiène, la classe moyenne a gagné à ces changements.

Quant aux pauvres, c’est autre chose : l’on est en train de détruire leurs derniers refuges. Jadis, ils pourrissaient dans les casemates en pierre des vieux bouges ; dorénavant, ils crèveront dans les greniers de zinc des