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le quartier saint-séverin

Martainville, tel qu’il existait, il y a quelques années encore, à Rouen.

C’était un lacis de tranchées noires, de rues sombres fuyant d’abord droit devant elles, puis dessinant des crochets, s’agrippant à celles qu’elles rencontraient, tombant, se relevant, grimpant à des échelles de meunier, descendant en des glissades dans des impasses. Les maisons étaient étroites, tout en hauteur, écartelées, sur leur épiderme de plâtre ou de briques, de grandes croix de Saint-André en bois, ceinturées à la taille de poutres peintes. Les étages débordaient les uns au-dessus des autres, semblables à des tiroirs, à moitié tirés, de commodes à ventre ; des balcons en demi-lune surplombaient la rue, et, aux angles, des tourelles s’effilaient en l’air en des cornets d’ardoises, en des capuchons relevés de moines, se terminaient au-dessus du sol en des volutes de colimaçons, en des culs-de-lampe.

En bas, souvent des piliers soutenaient la panse hydropique de la façade qui saillait sur la tête des passants et formait une galerie couverte abritant des soupiraux, des portes à pentures, des porches à barreaux, à judas, à herses, et si l’on franchissait ces portes, l’on accédait dans d’immenses couloirs voûtés tels que des fours, interrompus çà et là par des escaliers en spirale, en vis de Saint-Gilles.