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le quartier saint-séverin

Saint-Sulpice ; placée au centre des écoles, elle servait d’oratoire à Albert le Grand, à Dante, à saint Thomas d’Aquin, à saint Bonaventure.

C’est sous sa nef que l’Immaculée-Conception fut vénérée six siècles avant qu’elle ne fût déclarée dogme de foi par l’Église. Saint-Séverin avait donc devancé, et de combien d’années ! le culte révélé de Lourdes.

L’Université de Paris avait, en effet, adopté les thèses de saint Anselme et du docteur subtil, le franciscain Duns Scott, sur la pureté sans tache de la Conception de Marie et, après avoir institué, en 1311, une confrérie pour honorer, sous ce titre de l’Immaculée, la fille de Joachim, elle décréta, en 1497, que nul désormais ne serait admis par elle au grade de docteur en théologie, s’il ne partageait et ne s’engageait, par serment, à soutenir et à défendre cette doctrine.

En ce temps, la dévotion à la Sainte Vierge devint si populaire à Saint-Séverin que son image fut, ainsi qu’à la cathédrale de Chartres, répandue à profusion sur son portail, sur ses verrières, sur ses murs ; les foules y venaient afin d’obtenir les guérisons des écrouelles et de la fièvre, en buvant de l’eau d’un puits creusé dans l’église même. Ce puits, qui a plus de dix mètres de profondeur, existe encore, rez terre, au bas du pilier de droite de la chapelle de la Vierge. On y puisa, il y a quelques années, de l’eau ; elle était, en sortant, fraîche