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le quartier saint-séverin

dans une tourmente et il fallut, deux cents ans après, le rebâtir.

Mais, de même que la plupart des basiliques, l’église, telle que nous la voyons aujourd’hui, fut construite en plusieurs fois ; elle chevauche, ainsi que ses grandes sœurs, les cathédrales, sur plusieurs siècles. Le treizième dressa les trois premières travées et la tour ; le quatorzième ajouta les trois autres travées, le sanctuaire et le chœur ; le quinzième, les collatéraux et les chapelles ; le seizième, le trésor, la sacristie et la majeure partie du vaisseau ; quant au dix-septième, il l’éreinta : après avoir défoncé la chapelle de Saint-Sébastien pour lui substituer une hideuse salle qui servit pendant longtemps de chapelle à la Vierge, il jeta bas le jubé, plaqua de marbre couleur de rillettes les piliers du chœur, transforma en arcades cintrées les ogives, instaura dans le chœur, aux frais de la Montpensier, un autel à baldaquin ridicule.

Le dix-huitième la négligea jusqu’à la Révolution ; elle devint alors un dépôt de salpêtre et de poudre, mais le dix-neuvième siècle la sauva ; il revêtit sa façade occidentale, qui ne se composait que d’une baie sans ornements en ogive, d’un délicat portail provenant de l’église de Saint-Pierre-aux-Bœufs, démolie en 1837 ; il la dota également de vitraux enlevés à Saint-Germain-des-Prés, qui préféra s’éclairer avec les figures imbé-