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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.


produisent ces merveilleuses réfractions, dont je vais tâcher maintenant d’expliquer les causes, remettant à la fin de ce Traité de dire mes conjectures touchant la formation et la figure extraordinaire de ce cristal.

6. Dans tous les autres corps transparents que nous connaissons, il n’y a qu’une seule et simple réfraction, mais dans celui-ci il y en a deux différentes. Ce qui fait que les objets que l’on voit à travers, surtout ceux qui sont appliqués tout contre, paraissent doubles, et qu’un rayon de soleil, tombant sur une des surfaces, se partage en deux, et traverse ainsi le cristal.

7. C’est encore une loi générale dans tous les autres corps transparents, que le rayon, qui tombe perpendiculairement sur leur surface, passe tout droit sans souffrir de réfraction, et que le rayon oblique se rompt toujours. Mais dans ce cristal le rayon perpendiculaire souffre réfraction, et il y a des rayons obliques qui le passent tout droit.

8. Mais pour expliquer plus particulièrement ces phénomènes, soit derechef un morceau du même cristal A B F E (Fig. 20), et soit divisé l’angle obtus A C B, l’un des trois qui font l’angle solide équilatéral C, en deux parties égales par la droite C G, et que l’on conçoive que le cristal soit coupé par un plan qui passe par cette ligne et par le côté C F, lequel plan sera nécessairement perpendiculaire à la surface A B, et sa section dans le cristal fera un parallélogramme G C F H. Nous appellerons cette section la section principale du cristal.