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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.


la quantité de la matière qu’il contient, et qui doit suivre ce mouvement. Mais on trouve au contraire que la sphère ne résiste à l’impression du mouvement que selon la quantité de la matière du verre dont elle est faite : donc il faut que la matière éthérée, qui est dedans, ne soit point enfermée, mais qu’elle coule à travers avec très grande liberté. Nous ferons voir ci-après que la même pénétrabilité se conclut aussi, par ce moyen, en ce qui est des corps opaques.

La seconde manière donc d’expliquer la transparence, et qui paraît plus vraisemblable, c’est en disant que les ondes de lumière se continuent dans la matière éthérée, qui occupe continuellement les interstices ou pores des corps transparents. Car puisqu’elle y passe continuellement, et avec facilité, il s’ensuit qu’ils s’en trouvent toujours remplis. Et l’on peut même démontrer que ces interstices occupent beaucoup plus d’espace que les particules cohérentes qui constituent les corps. Car s’il est vrai ce que nous venons de dire, qu’il faut de la force pour imprimer certaine vitesse horizontale aux corps, à proportion qu’ils contiennent de la matière cohérente ; et si la proportion de cette force suit la raison des pesanteurs, ce qui se confirme par l’expérience, donc la quantité de la matière constituante des corps suit aussi la proportion des pesanteurs. Or nous voyons que l’eau ne pèse que la quatorzième partie autant qu’une portion égale de vif-argent : donc la matière de l’eau n’occupe pas la quatorzième partie de l’espace que tient sa masse. Même elle en doit occuper bien moins,