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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.


l’orbite ou chemin annuel de la Terre, A B C une ligne droite, que je suppose rencontrer le chemin de la Lune, représenté par le cercle C D, en C.

Or si la lumière demande du temps, par exemple une heure, pour traverser l’espace qui est entre la Terre et la Lune, il s’ensuivra que la Terre étant parvenue en B, l’ombre qu’elle cause, ou l’interruption de la lumière, ne sera pas encore parvenue au point C, mais qu’elle n’y arrivera qu’une heure après. Ce sera donc une heure après, à compter depuis que la Terre a été en B, que la Lune arrivant en C y sera obscurcie : mais cette obscuration ou interruption de lumière ne parviendra à la Terre que dans une autre heure. Posons que dans ces deux heures elle soit parvenue en E. La Terre donc étant en E, verra la Lune éclipsée en C, dont elle est partie une heure auparavant et verra en même temps le Soleil en A. Car étant immobile, comme je le suppose avec Copernic, et la lumière s’étendant par des lignes droites, il doit toujours paraître où il est. Mais on a toujours observé, disent-ils, que la Lune éclipsée paraît au lieu de l’écliptique opposé au Soleil, et cependant ici elle paraîtrait en arrière de ce lieu, de l’angle G E C, complément de A E C à deux angles droits. Donc cela est contraire à l’expérience, puisque l’angle G E C serait fort sensible et environ de 33 degrés. Car selon notre supputation, qui est au Traité des causes des phénomènes de Saturne, la distance B A entre la Terre et le Soleil est environ de douze mille diamètres terrestres, et partant quatre cents fois plus grande que B C, distance de