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introduction.

quel point toutes ces anomalies peuvent se transmettre et se fixer dans une race.[1]

L’unité de l’organisme vivant a une conséquence qui contribue à augmenter la masse des variations ; je veux parler des corrélations de croissance qui jouent en tératologie un rôle capital et en vertu desquelles toute modification entraîne de près ou de loin une modification correspondante dans une série d’organes. L’hybridité, même à titre exceptionnel, vient enfin compléter l’énumération des procédés naturels qui déterminent la variation dans les formes organiques. Nous en avons déjà parlé à propos de l’hypothèse de l’espèce ; il n’est pas sans utilité d’y revenir. À la vérité, les savants qui se sont le plus occupés de la mutation des formes ne lui attribuent point une valeur de premier ordre ; car à leurs yeux la sélection naturelle suffit, en définitive, à créer les espèces, toujours transitoires. Et cependant on conçoit avec quelle rapidité plus grande les formes organiques pourraient se transformer si l’hybridité pouvait créer des espèces intermédiaires ; mais pour que

  1. On trouvera dans le savant ouvrage de M. Godron, de l’Espèce, déjà cité, le tableau très-complet de toutes les modifications anatomiques que nous offrent les animaux domestiques par rapport à leur type sauvage ou sous différents climats : le chien, l’âne, le cochon, le bœuf, le pigeon et les végétaux. On notera cependant que l’éminent professeur est placé au point de vue de la permanence des types ; il est toutefois difficile de ne pas se ranger à l’opinion contraire en présence de la masse des faits de variation qu’il a recueillis.