Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
transformation des formes organiques.

dit Darwin, l’homme les ajoute dans une direction déterminée par son utilité ou son caprice… — Si des variations utiles aux êtres vivants se produisent parfois, assurément les individus chez lesquels elles se manifestent ont les plus grandes chances d’être épargnées dans la guerre qui résulte de la concurrence vitale ; et en vertu du puissant principe d’hérédité, il y aura chez eux une tendance à léguer ces mêmes caractères accidentels à leur postérité[1]. »

On voit donc que la sélection est une forme de l’hérédité, ou, selon l’expression de M. A. Sanson, l’hérédité élevée à sa plus haute puissance. Ici se placerait dans une étude complète de la question des transformations organiques, l’étude de l’hérédité des particularités physiologiques qui comprennent un champ très-étendu, depuis les caractères les plus fugaces, la couleur des poils, les taches de la peau, jusqu’aux anomalies les plus extraordinaires, telles que l’excès dans le nombre des doigts, l’absence de quelques phalanges, les houppes de plumes, l’absence de cornes chez les ruminants, le nombre des vertèbres caudales, les conformations crâniennes, le géantisme et le nanisme, l’albinisme, le mélanisme, etc., etc. C’est à l’aide de la sélection appliquée à l’une de ces variations que l’on a formé presque sous nos yeux la plupart des races domestiques. On ignore jusqu’à

  1. Darwin, loco cit., p. 41 et 156.