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introduction.

grande et belle question, en réalité, a plutôt le caractère d’une vérité rationnelle que celui d’un fait expérimental ; car, dans l’individu, les limites des variations sont étroites ; si l’on veut les dépasser, l’équilibre organique s’altère, la mort survient rapidement ; les modifications artificielles ou naturelles ne peuvent se réaliser que dans la suite des générations ; or, nos études sont trop récentes pour que les résultats soient très-considérables. Et cependant, ceux qu’on a obtenus pour les pigeons sont anatomiquement à la hauteur des différences génériques.

Ici intervient pour déterminer un pareil résultat, un procédé dont l’ouvrage de M. Darwin est un magnifique commentaire et même — abstraction faite de toute idée de mutabilité — une irrécusable démonstration : la sélection spontanée ou artificielle[1].

La sélection spontanée est ce phénomène en vertu duquel les variations accidentelles les plus utiles aux individus assurant leur supériorité, elles assurent du même coup leur reproduction dans la suite des générations. La sélection artificielle diffère de la précédente en ce qu’au lieu de perpétuer des variations utiles aux animaux eux-mêmes, elle perpétue des variations utiles à l’homme. « La nature fournit les variations,

  1. J’ai proposé, il y a quelques années, de remplacer l’épithète naturelle par spontanée. Tout est naturel, en effet, même ce qui est provoqué. Mais tout n’est point spontané. (Voyez Presse scientifique, 1862, ii, 571.)