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introduction.

L’exercice répété, mais non excessif, de certains organes amène, on le prévoit, des effets opposés. Les doigts palmés de quelques carnivores qui éventuellement plongent et pêchent le poisson, les bisons du Canada et les morses, par exemple, peuvent-ils être considérés comme une acquisition sélective ? Lamarck n’hésite pas à attribuer la présence de ces mêmes membranes chez les oiseaux palmipèdes, à l’habitude d’écarter les doigts en nageant : il se rend compte de la même façon des ongles allongés, recourbés en crochets des grimpeurs et de la conformation des échassiers. Tout cela est fort hypothétique. Mais, ce qui ne l’est point, c’est l’adaptation d’un même ordre d’appareil à des fonctions très-diverses, qui déterminent des conformations spéciales. Tels sont les membranes latérales et les doigts palmés du galéopithèque, organes de soutien plutôt que de vol, qui établissent une transition très-naturelle aux chauves-souris, dont les mêmes replis membraneux, plus développés, servent au vol. Telles sont encore les ailes de certains oiseaux qui servent de rames (microptère), de nageoires et de pieds (manchot), ou de voile (autruche). D’un autre côté, les nageoires de certains poissons, les dactyloptères, les pégases, les trygles, leur servent à se soutenir dans l’air, à la façon des ailes véritables.

M. Darwin a montré, dans son chapitre sur les Habitudes différentes parmi les individus de la même espèce et très-différentes entre des espèces très-alliées,