Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
transformation des formes organiques.

habitudes pareilles à celle de l’outarde, et que la sélection naturelle a pendant une longue suite de générations accru le poids de son corps et sa taille ; il a donc fait « un plus fréquent usage de ses pieds et moins de ses ailes, jusqu’à ce qu’elles devinssent ainsi incapables de vol. »

Au défaut d’usage se rattache vraisemblablement les cas d’organes rudimentanés, atrophiés ou avortés ; tels seraient les mamelles chez les mâles des mammifères, les dents chez les fœtus de baleine, et même, selon Geoffroy Saint-Hilaire, chez certains oiseaux, qui, à l’âge adulte, n’en ont plus ; les ailes, impropres au vol, d’un grand nombre de coléoptères et d’oiseaux ; les races domestiques, qui n’offrent que des rudiments de queue ou d’oreilles, les petites cornes pendantes qui parfois apparaissent chez les races sans cornes ; tels sont, d’après Darwin, les exemples d’organes rudimentaires dont l’origine se trouve dans le défaut d’exercice agissant sur la suite des générations de manière à réduire graduellement certains organes. » Lamarck va même jusqu’à dire que les serpents ont perdu leurs pattes « par suite d’efforts toujours répétés pour s’allonger afin de passer dans des espaces étroits. » Je cite à dessein cet exemple exagéré pour montrer avec quelle excessive facilité on peut tirer de cet agent de transformation organique des explications que l’on rendrait plus vraisemblables par une très-légère modification.