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introduction.

stances ont mis dans l’habitude d’avaler les objets dont ils se nourrissent, dit-il, sans exécuter aucune mastication, se sont trouvés exposés à ce que leurs dents ne reçussent aucun développement[1]. » À l’appui de cette hypothèse, il cite la baleine, les oiseaux et le fourmilier. De même chez les animaux qui n’ont point l’occasion d’exercer les yeux, ces organes s’atrophient et ne laissent que des vestiges. Darwin a beaucoup développé ce point particulier de sa doctrine : « C’est un fait généralement reconnu, dit-il, que dans les cavernes de la Carniole et du Kentucky, vivent des animaux appartenant aux classes les plus diverses, et qui sont tous aveugles. Chez quelques crabes, le pédoncule oculaire demeure, quoique l’œil soit enlevé. Le support du télescope est encore là, mais le télescope avec ses verres est perdu. Comme il est difficile d’admettre que des yeux même inutiles puissent être d’une façon quelconque nuisibles à des animaux qui vivent dans l’obscurité, je ne puis attribuer leur perte qu’au défaut d’exercice[2]. » Le professeur Owen a fait remarquer qu’il n’y a pas dans la nature de plus grande anomalie qu’un oiseau qui ne peut voler ; Darwin cite cependant une espèce de canard de l’Amérique du Sud (micropterus brachypterus) qui ne peut que battre la surface de l’eau avec ses ailes, et il suppose que la progéniture du genre autruche avait des

  1. Lamarck, loc. cit., i, p.246.
  2. Darwin, loc. cit., p.169.