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introduction.

sion de plus en plus grande des fonctions, des appareils de plus en plus isolés, et par suite des aptitudes de plus en plus complexes et une influence modificatrice de plus en plus grande sur le règne végétal comme sur le monde inorganique : s’ensuit-il nécessairement qu’une telle succession des formes implique leur transformation ? Pour quiconque veut appliquer le raisonnement aux faits et en reconnaître les conséquences, la question n’est pas douteuse : bien des êtres qui vivent aujourd’hui à la surface du globe dérivent de ceux qui, disparus, les ont précédés sur la terre, et, ainsi que le fait remarquer M. P. Bert, professeur à la faculté des sciences de Bordeaux, « comme les formes dites spécifiques actuelles diffèrent notablement de celles qui les ont précédées, il s’ensuit nécessairement que la descendance implique la variation[1]. »

Nous pouvons maintenant nous demander par quels procédés les êtres vivants ont pu se modifier au point d’offrir dans le temps une succession de formes pareille à celle que nous révèle la paléontologie. Avant M. Darwin on avait souvent tenté l’analyse des conditions qui pouvaient altérer les formes organiques, mais malgré la perspicacité et la science de Lamarck, son ouvrage, auprès de celui du naturaliste anglais, semble n’être qu’un recueil de propositions. Cepen-

  1. P. Bert, Revue des cours scientifiques, 1866-67, p. 29.