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introduction.

donnée par Darwin de l’absence de formes intermédiaires est quelquefois superflue : « Si l’on ne rencontre pas partout et toujours, dit-il, d’innombrables formes de transition, cela dépend principalement du procédé de sélection naturelle, en vertu duquel les variétés nouvelles tendent constamment à supplanter et à exterminer leurs souches mères. » En effet, Falconer a trouvé, parmi les espèces éteintes, vingt-six espèces de proboscidiens, dont les nuances établissent une série graduelle entre deux genres : le mastodonte et l’éléphant ; et depuis la publication du travail de Falconer deux nouvelles espèces ont été découvertes en Amérique[1] ; le docteur Vogt, si longtemps hostile à toute idée de transmutation dans la vie organique, a établi, dans ses Leçons sur l’homme[2], que la transition entre les poissons et les amphibies dans le monde actuel est réalisée par les genres lepidosirène et protoptère, dont on a trouvé çà et là quelques individus vivants, et qui bientôt disparaîtront. Mais, entre les amphibies et les reptiles, il faut avoir recours à un genre fossile, celui des labyrynthodontes, qui tend la main aux uns et aux autres ; entre les reptiles et les oiseaux, il y a le plésiosaure ; entre les poissons et les reptiles, il y a l’ichthyosaure ; entre les pachydermes et les ruminants, il y a le dinothérium, etc. Le ptérodac-

  1. Voyez Lyell, loco cit., p. 465.
  2. Vogt, trad. Moulinié, page 664.