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introduction.

On dirait que la nature tâtonne et ne conduit son œuvre à bonne fin qu’après s’être souvent trompée. Ici des cavités se cloisonnent, se divisent en chambres distinctes ou bien s’étirent en canaux, et ceux-ci à leur tour se remplissent et deviennent des ligaments ; là, des masses d’abord pleines se creusent et se changent en cavités, des lames s’enroulent en tubes, des pièces primitivement isolées se soudent en organes continus, ou bien tout au contraire une masse d’abord unique se fractionne et engendre plusieurs organes. En même temps, les rapports, les proportions changent à chaque instant. Des parties presque confondues au début s’écartent et deviennent presque entièrement étrangères l’une à l’autre ; d’autres d’abord éloignées se rapprochent et contractent des relations intimes. Des organes à fonctions temporaires naissent, grandissent rapidement, acquièrent un volume énorme, puis s’atrophient et disparaissent. D’autres s’arrêtent à un moment donné, tandis que tout grandit autour d’eux, restent en place, et se retrouvent jusque chez l’adulte, où ils n’ont d’autre rôle apparent que de témoigner d’un état de choses qui n’existe plus. En un mot — des transformations incessantes, le mouvement partout, le repos nulle part — voilà dans son expression la plus générale l’histoire du développement embryonnaire[1]. » Que l’on

  1. Quatrefages, Métamorphoses de l’homme et des animaux. Paris, 1863, p. 41, 42.