Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
SÉRIE ANIMALE.

produiraient dans le développement. Dans toutes ces modifications, ce qui frappe c’est l’adaptation à des fonctions diverses d’organes primitivement analogues. C’est ainsi qu’à l’état adulte on retrouve le même type fondamental sous les apparences les plus diverses : les nageoires, les pieds, les mains, les ailes, sont le même membre ; le cœur embryonnaire des vertébrés reproduit assez exactement le cœur définitif des invertébrés ; la cavité branchiale du manteau des gastéropodes est l’analogue des villosités branchiales du chorion des mammifères, les formes transitoires des batraciens représentent les formes définitives d’un grand nombre d’espèces inférieures, et si l’on poursuit ces analogies, on retrouvera, selon l’expression de l’illustre M. Serres, « dans les formes fugitives et passagères de l’embryogénie de l’homme et des vertébrés, les formes arrêtées et permanentes des organismes des invertébrés. » Je n’ignore pas que von Baer et Milne Edwards, J. Mueller et Longet ont, à maintes reprises, contesté la théorie si magnifiquement développée par Meckel et M. Serres[1]. Mais une étude attentive et réitérée des faits convaincra que, bien loin de ne pouvoir supporter leur contrôle, la théorie de l’évolution progressive, ou, selon l’expression de Darwin, la théorie de la descendance modifiée, conséquence naturelle, est la seule qui

  1. Serres, Anatomie transcendante appliquée à la physiologie. Paris, 1842.