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HYPOTHÈSE DE L’ESPÈCE.

ment de la vie organique par la transformation régulière et progressive des germes. On consultera sur ce point les travaux de F. Mueller sur le développement larvaire des crevettes, qui parcourent différents états, dont les analogues à l’état adulte constituent autant de genres[1]. La transmission des particularités physiologiques, l’atavisme, les organes rudimentaires ou atrophiés, constituent autant d’éléments de modifications qui font sortir un individu de son espèce, et même de son genre. Mais nous reviendrons sur ces points quand nous parlerons des procédés de transformations organiques.

Appliquée à l’homme, la notion de l’espèce, dans ses deux caractères, a donné lieu aux débats les plus singuliers ; il s’est trouvé, en définitive, que les partisans de la descendance par un seul couple primitif doivent accepter, comme un résultat de l’action des milieux, la diversité caractéristique des différentes races d’hommes ; or, comme cette diversité est assez profonde pour grouper les hommes en espèces, il s’ensuit que l’on est du même coup monogéniste et partisan de la création des espèces par variations. On dit, il est vrai, que les groupes humains constituent des variétés ou des races et non des espèces, mais

  1. M. de Quatrefages (Physiologie comparée : Métamorphoses de l’homme et des animaux. Paris, 1863) a exposé, dans le langage le plus clair et le plus élégant, tout ce qui concerne les idées modernes sur les transformations larvaires et embryonnaires.