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INTRODUCTION.

pouvoir soudain de la matrice universelle. Il y a là un miracle, une sorte de caprice subit, auquel on ne trouve qu’après coup une raison suffisante.

Pour l’école naturaliste, l’hétérogénie, telle que M. F. A. Pouchet l’a présentée[1], est donc inconciliable avec la donnée de la constance des forces ; elle s’allie, au contraire, très-bien avec la notion d’un pouvoir surnaturel intervenant çà et là dans sa création, selon ses mystérieuses fantaisies. Au surplus, M. F. A. Pouchet, l’un de ses plus persévérants et de ses plus ardents partisans, n’a jamais témoigné de désir plus vif que de faire concorder ses expériences avec le miracle.

Toutefois, l’expérimentation tiendrait lieu à cet égard de tous les raisonnements, et comme la thèse des générations spontanées n’est soutenable qu’à la condition d’une telle démonstration, rien ne nous permet de la contester aussi longtemps que ses partisans s’efforceront de la fournir.

Une troisième hypothèse est celle de la permanence des espèces ; elle aboutit nécessairement à la création du monde animal par couples adultes, créés de toutes pièces, à l’état d’espèces immuables, qui depuis leur origine jusqu’à nos jours se seraient perpétués avec ou sans modifications. Ces derniers mots marquent, dans cette hypothèse, une subdivision ; les uns, avec Agassiz, d’Orbigny et de Quatrefages, admettent des

  1. F. A. Pouchet, Hétérogénie ou traité de la génération spontanée, Paris, 1859.