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LA VIE ORGANIQUE.

des cas particuliers des lois d’ordre cosmologique ; mais jusqu’à présent cette découverte est encore à faire, malgré de fréquentes illusions à cet égard. Du reste, cette découverte une fois opérée, il y aurait encore à formuler la loi de la solidarité d’activité dont bien des faces demandent à être éclairées, surtout en ce qui touche les êtres organisés[1]. »

À ces remarques s’ajoutent des objections qui, pour la doctrine naturaliste, ont non moins de poids que pour les partisans du surnaturel et se pressent de toutes parts ; l’une des plus fortes est le mode même de génération des êtres organisés, qui a donné lieu à l’adage omne animal ex ovo en vertu duquel la genèse spontanée doit produire non plus des organismes, mais des germes, en sorte que ce ne serait que par un singulier détour, que les circonstances extérieures donneraient naissance à l’organisme.

C’est ce qu’a très-bien compris mademoiselle C. A. Royer, qui, dans l’une des très-savantes notes qu’elle a ajoutées à son excellente traduction de Darwin, parle de l’élaboration des germes par la matrice universelle qui aurait eu, « à l’une des phases de son existence, le pouvoir d’élaborer la vie, » et qui suppose ce pouvoir produisant dès l’origine « une multiplicité infinie de germes[2]. » La difficulté, on le voit, reste la même, et rien ne vient expliquer le

  1. Robin, Leçons sur les humeurs, Introduction, p. xliv. Paris, 1867.
  2. Ch. Darwin, de l’Origine des espèces, 2e édition, p. 582.