Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LA VIE ORGANIQUE.

témoignage plus positif, que la voie la plus simple est d’admettre que les germes d’un monde organique, dispersés dans l’espace, se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion.

Quand il s’agit des forces physiques, nous semblons ne faire de leur origine aucune difficulté. Nous les prenons telles que nous les trouvons, chaleur, lumière, électricité, soumises à des conditions latentes ou actives qui ne nous trompent point sur leur véritable provenance. Il en est autrement de la vie organique. De ce que les premières forces que nous constatons, et dont nous ne cherchons même pas l’origine au delà de notre système, ne paraissent point suffire à engendrer par leur concours les forces organiques, il ne s’ensuit point qu’une volonté extrinsèque ait dû intervenir pour leur donner naissance. Elles étaient là, latentes. Le philosophe le plus brillant du dix-huitième siècle, Diderot, a exprimé dans les termes suivants cette ingénieuse conception :

« Le philosophe abandonné à ses conjectures, dit-il, ne pourrait-il pas soupçonner que l’animalité avait de toute éternité ses éléments particuliers épars et confondus dans la masse de la matière, et qu’il est arrivé à ces éléments de se réunir parce qu’il était possible que cela se fît ; que l’embryon formé par ces éléments a passé par une infinité d’organisations et de développements… qu’il a eu ou qu’il aura un état stationnaire ;