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analyse des travaux anthropologiques

non-seulement une variation accidentelle des espèces, effectuée par l’adaptation aux milieux, mais encore une évolution progressive, du mollusque au vertébré, du poisson à l’amphibie, de celui-ci à l’oiseau ou aux mammifères, il est évident que la forme humaine s’est développée d’une organisation plus basse, d’une organisation pareille ou semblable à celle du mammifère le plus élevé, à celle du singe anthropoïde. La question est de savoir si les débris les plus anciens de l’homme préhistorique nous présentent les caractères d’une telle organisation inférieure. Dans ce cas ce fait devrait être une base nouvelle et importante pour l’affirmation d’une origine naturelle de l’homme ; mais si ces caractères ne s’observent pas, cette origine naturelle n’est point par cela même réfutée : car nous pouvons soupçonner que les débris trouvés jusqu’ici ne touchent pas à l’époque éloignée où il existait une différence considérable entre l’organisation de l’homme actuel et celui de cette date.


Il est néanmoins remarquable que malgré la rareté des ossements très-anciens, ceux que nous possédons offrent un caractère d’infériorité comparable à celui des hommes contemporains les plus sauvages, et descendant même au-dessous de ce point ; le crâne de Neander, le maxillaire de la Naulette, le prognatisme extrême de quelques mâchoires d’enfants de l’âge de la pierre sont dans ce cas. L’opinion que ces caractères sont exceptionnels et individuels n’est pas soutenable ; ils se montrent au contraire comme règle et sont liés les uns aux autres comme tous les développements physiologiques. De plus, ils reparaissent çà et là dans certains arrêts de développement qui sont des phénomènes d’atavisme ; outre le crâne, les rapports des os, des membres, la forme du thorax et du pelvis, la perforation de la cavité olécrânienne, la rotation imparfaite de l’humérus, la direction du col du fémur, l’aplatissement du tibia, la forme du calcaneum peuvent servir de traits distinctifs. :

L’épaisseur et la densité des os du crâne, le développement excessif du diploé, la rareté et le volume des empreintes des circonvolutions cérébrales, le peu de capacité du crâne sont autant de caractères communs aux crânes