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du congrès paléo-anthropologique.

congrès une série de pièces dont le seul aspect persuadait. Les moules des crânes d’un chimpanzé (troglodytes Aubryi) de Neanderthal, d’Eguisheim, rapprochés de celui d’un Australien et d’un Français moderne se graduaient admirablement. Mais c’est surtout en s’appuyant sur les caractères anatomiques fournis par les mâchoires inférieures que la démonstration a pris un incontestable caractère d’évidence. On se rappelle que MM. de Vibraye et Dupont ont découvert, le premier dans la grotte d’Arcy, le second dans celle de la Naulette, deux mâchoires contemporaines du mammouth, c’est-à-dire de l’une des époques les plus anciennes dont nous possédions des restes humains. Ces deux maxillaires inférieurs ont en commun bien des caractères, notamment leur épaisseur, qui varie, selon les points, de 14 à 16 millimètres ; leur courbe, qui est elliptique ; leur faible hauteur verticale au menton, etc. La mâchoire de la Naulette ne peut donc être considérée comme un cas isolé, d’autant moins que d’autres mâchoires offrent avec elle, à plusieurs égards sinon à tous, de frappantes analogies ; or, en superposant les mâchoires du chimpanzé, de la Naulette, d’un Australien ou d’un Européen moderne, M. Broca a obtenu une gradation obliquement linéaire saisissante, sur laquelle l’Australien et l’homme de la Naulette occupaient les points intermédiaires, l’Australien étant plus rapproché du blanc, l’homme de la Naulette plus voisin du chimpanzé. Passant ensuite aux caractères ostéologiques les plus minutieux, l’éminent professeur établit les séries suivantes : 1o  chez le blanc, les molaires décroissent régulièrement en volume de la première à la troisième ; celles de l’Australien sont égales entre elles, tandis qu’elles croissent sensiblement chez l’homme de la Naulette et plus encore chez le chimpanzé ; 2o  la saillie du menton, bien marquée chez le blanc, décroît chez l’Australien, plus encore chez