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analyse des travaux anthropologiques

entre les singes anthropomorphes et les races les plus inférieures du genre homme qu’il faudrait découvrir ; car à cet égard beaucoup pensent que la série est, dès à présent, suffisamment établie, et le deuxième Essai de M. Huxley est tout entier consacré à démontrer qu’il n’y a pas plus de différence entre les singes et les hommes, qu’entre les singes inférieurs et les anthropoïdes. Ce sont les débris de l’être dont les singes et l’homme seraient des rayonnements déterminés sur une ou sur plusieurs circonférences concentriques, qui nous font absolument défaut.

D’un autre côté, si l’on établit que la succession des races humaines peut se caractériser anatomiquement au point de pouvoir conclure de la forme à l’âge, la théorie de la filiation est bien près d’être démontrée ; en sorte que rien ne peut prouver absolument contre cette théorie, tandis que la théorie peut se prouver. Or, tous les documents que nous possédons pour les temps préhistoriques, et même ceux que M. Broca a mis en lumière pour les temps historiques[1], nous autorisent à répondre qu’il en est du genre humain comme des autres genres du règne animal, que certaines espèces ont disparu, que de nouvelles espèces se sont montrées et qu’à moins de les faire éclore miraculeusement, celles-ci descendent de celles-là.

La méthode philosophique qui s’impose à l’anthropologie est donc évidente : elle consiste à étudier avant tout les caractères différentiels des types humains, non-seulement dans une même époque, mais comparativement, aux diverses époques géologiques. Or, il faut l’avouer, si grâce à l’impulsion donnée à ces recherches par la Société d’anthro-

  1. Nous faisons ici allusion aux recherches de M. Broca sur la capacité des crânes parisiens du treizième siècle qui ont offert une capacité moyenne inférieure de 35 centimètres cubes, et même de 58 centimètres cubes, à celle des crânes du dix-neuvième siècle (Bull. de la Société d’anthropologie, 1862).