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du congrès paléo-anthropologique.

si, dans la succession des temps, les types humains se sont modifiés anatomiquement d’une manière appréciable, ou tout au moins si, dans les temps préhistoriques, les races humaines offraient des caractères que ne présentent plus les races contemporaines. Pour les animaux la question ne fait pas doute : oui, le monde du passé était peuplé d’une faune spécifiquement différente de la faune actuelle, et l’on peut ajouter que les variétés successives, assez étendues pour être spécifiques, ne le sont point assez pour éloigner l’idée de leur filiation. Elles s’offrent à nous délicatement graduées, et nous montrent toutes les étapes d’un développement comparable aux dernières phases de l’embryon. S’il en est ainsi des animaux, ne doit-il pas en être de même de l’homme ?

La réponse ne peut être une simple alternative. Quelle qu’elle soit d’ailleurs, elle laisse le champ libre à toutes les théories qui reposent sur la conception d’une évolution progressive. Il se pourrait, en effet, ainsi que l’admet Vogt, que l’homme et les singes eussent une origine commune (quoique géographiquement multiple), et que le singe-homme se fût perfectionné avec une rapidité telle, que l’être intermédiaire n’eût pas laissé d’assez nombreux ossements pour que nous ayons aucun espoir rationnel d’en retrouver le moindre fragment, ou tout au moins que ces fragments fussent trop peu nombreux pour comporter aucune démonstration. Toutes les formes vivantes n’ont pas eu une égale durée, toutes n’ont pas été stables et la paléontologie nous montre que les formes de passage, dans les classes et dans les genres, sont plus rares et ont eu moins de durée que les types génériques ou classiques. En sorte que la théorie de la filiation progressive pourrait être vraie et la preuve suffisante en manquer jusque dans un avenir lointain. En outre, ce ne sont pas les formes intermédiaires