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LE PROBLÈME DES ORIGINES.

sensorielles immédiates, nous nous efforçons de nous y rattacher étroitement, et nous repoussons comme trompeur tout ce qui s’en éloigne. Mais la certitude de ce qui est au delà ne le cède en rien à la certitude de ce qui est dans l’étroite limite de nos perceptions, en vertu même de cette vérité nécessaire que toute limite est conventionnelle. Jamais l’apparente contradiction des thèses fondamentales de la logique n’a éclaté plus vivement : l’infini a le fini pour contrôle et pour garantie.

Il est bien certain d’ailleurs que dans tout ce que nous pourrons apprendre, il y aura toujours une réserve relative à l’étendue de nos facultés ; et, pour ce qui est des origines, celui qui repousserait toute solution en disant que nous ne pouvons savoir si les forces que nous constatons existaient dans le passé, celui-là, dis-je, pourrait tout aussi bien contester la vérité absolue des sciences mathématiques, en alléguant par exemple, que notre entendement pouvait être, à une époque donnée, autrement constitué. Cette remarque aboutit, on le voit, à ne reconnaître que des vérités relatives, même pour les notions qui se rattacheraient à l’absolu ; le problème des origines peut être, par un effort d’imagination, placé dans l’absolu, mais sa solution est nécessairement dans le relatif ; nous pouvons en être assurés au même titre que d’une notion quelconque, c’est-à-dire par rapport à l’être actuel, sujet et objet.