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sur quelques ossements humains fossiles.

La correspondance est très-frappante entre le contour longitudinal ou profil du crâne de Neanderthal et celui de

    Sur plusieurs points de la côte danoise et tout près de la mer, on rencontre des accumulations de coquilles de mollusques et de crustacés, qui ont été longtemps considérées comme de simples amas naturels tels que l’on en trouve sur tous les rivages. L’illustre Steenstrup, le premier à ce que nous pensons, remarqua que ces coquilles appartenaient toutes à des individus adultes et à des espèces qui ne vivent point en commun, ni dans les mêmes eaux. En outre, il découvrit bientôt des ossements de vertébrés, des instruments grossiers en silex taillé, des poteries, des foyers, du charbon, etc. Un comité fut nommé, composé de trois célèbres professeurs, Steenstrup le naturaliste, Forchhammer le géologue, et Worsæ, archéologue ; il présenta une série de rapports très-complets à l’Académie des sciences de Copenhague ; Lyell, Morlot, Lubbock et Vogt ont, dans différents ouvrages déjà cités, très-bien résumé ces rapports. La hauteur de ces amas de coquilles varie de 1 à 3 mètres ; leur largeur de 30 à 60 mètres et leur longueur va quelquefois jusqu’à 300 mètres. Souvent, ces amas de débris sont disposés circulairement autour d’un point qui peut avoir été une tente ou une hutte. Rarement la masse des débris est mêlée de sable et de gravier ; les espèces les plus abondantes sont l’huître (ostrea edulis), la bucarde (cardium edule), la moule (mysilus edulis) et la littorine (Littorina littorea), qui sont toutes actuelles mais beaucoup plus grosses que celles qui vivent actuellement dans le voisinage. En outre des crabes, des poissons, des oiseaux, des cerfs, des sangliers, castors, phoques, bœufs primitifs, aurochs, etc. Aucun animal domestique ne s’y trouve, sauf le chien qui, ainsi que le remarque Lubbock peut fort bien avoir été sauvage. Les instruments de pierre sont d’un type particulier, très-grossier ; mais Vogt pense que leurs auteurs en possédaient de plus fins pour d’autres usages que pour la cuisine ; toutefois, selon Lubbock, on n’a trouvé qu’un seul fragment de hache polie. On n’y rencontre aucune trace de céréales, aucun débris d’os humain, ni aucune trace de métal. Les crânes trouvés dans les tumuli de Moen et de Borreby (fig. 56) étaient associés à des instruments de pierre du même type que ceux des kjokkenmöddings. Steenstrup pense donc que ces documents sont contemporains et que les tumuli étaient les sépultures des chefs. Worsæ est d’avis que les amas de coquilles sont d’une date antérieure aux tumuli ; l’indice céphalique de ces crânes, d’après une moyenne prise sur 20 d’entre eux par M. Busk, est de 78. Vogt en dit : « Ils sont remarquablement petits, très-ronds, à occiput très-court, à orbites extraordinairement petites, les arcades sus-orbitaires, par contre, très-saillantes, les os du nez proéminents ; entre ceux-ci et les arcades sus-orbitaires, il y a une dépression si profonde, qu’on peut y loger le doigt. Le front est ordinairement aplati, quelque peu fuyant quoique à un moindre degré que celui