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sur quelques ossements humains fossiles.

crâne d’un Européen d’une dolichocéphalie moyenne, diffère beaucoup moins du crâne d’un nègre, par exemple, que n’en diffère sa mâchoire. C’est pourquoi, en l’absence des mâchoires, les opinions avancées sur les rapports des crânes fossiles avec les races modernes, doivent n’être admises qu’avec certaines réserves.

Prenant donc les témoignages tels qu’ils sont réellement, je dois avouer d’abord en ce qui concerne le crâne d’Engis, que je ne vois dans ses débris aucun caractère qui, s’il était d’origine récente, pourrait me mettre sur la voie de la race à laquelle il appartient ; son contour et ses mesures s’accordent parfaitement bien avec ceux de quelques crânes australiens que j’ai examinés. Il a parfaitement cette tendance à l’aplatissement de l’occiput si remarquable dans quelques crânes australiens dont j’ai parlé. Mais tous les crânes australiens ne présentent pas cet aplatissement et l’arcade sourcilière du crâne d’Engis est tout à fait différente de celle des types australiens.

D’un autre côté ses mesures concordent également bien avec celles de quelques crânes européens. Assurément d’ailleurs aucune partie de sa structure n’offre la moindre trace de dégradation. C’est là, en effet, un crâne humain d’une bonne moyenne qui peut avoir appartenu à un philosophe, ou peut tout aussi bien avoir contenu le cerveau inculte d’un sauvage[1].

  1. Vogt et Spring ont contesté cette conclusion : le premier après avoir cité cette dernière phrase d’Huxley, ajoute qu’il ne peut adopter sans réserves l’opinion qu’elle exprime. « La longueur excessive, l’étroitesse de ce crâne et sa faible hauteur impliquent une capacité cérébrale relativement faible. Ce n’est que le rapprochement des protubérances frontales qui font paraître le front bombé. Depuis les protubérances frontales jusqu’au point le plus élevé et très-reculé du vertex, la courbure est assez aplatie et les lobes antérieurs du cerveau devaient nécessairement n’être que peu développés. Ces détails se rattachent du reste en grande partie au développement indivi-