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INTRODUCTION.

À s’en tenir là, il semblerait donc que, dans l’homme éminent qui personnifie l’esprit du positivisme, tout effort dans cette direction est frappé de stérilité. Mais quand bien même telle serait sa pensée — et nous montrerons qu’elle est autre — elle ne pourrait servir de méthode qu’à un petit nombre de savants peu soucieux de sortir du cercle d’un certain nombre de recherches spéciales. Qu’on le veuille ou non, le problème des origines s’impose tyranniquement à l’esprit de la grande majorité de ceux qui, délivrés un moment des plus dures nécessités de la vie, ont le loisir de réfléchir ; de telle sorte qu’à mes yeux celui qui se déclare impuissant à le résoudre, renonce à toute part importante dans la direction mentale de l’humanité. C’est pourquoi il faut accueillir avec bienveillance et sans aucune systématique hostilité toute tentative scientifique destinée à jeter quelque lueur sur une question dont la solution, vraie ou fausse, mais acceptée, a donné l’empire du monde intellectuel.

Restituons donc, pour combattre une citation dont on a abusé, la pensée sinon de l’initiateur, au moins du maître véritable de cette philosophie, qui a dit dans l’un de ses plus récents écrits : « Ce qui est au delà, soit matériellement le fond de l’espace sans bornes, soit intellectuellement l’enchaînement des causes sans terme, est absolument inaccessible à l’esprit humain. Mais inaccessible ne veut pas dire