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rapports anatomiques

trées et reconnaissent que leur premier devoir consiste à y soumettre leur esprit quand même elles viendraient contrarier leurs tendances.

Mais, désireux comme je le suis d’atteindre un cercle plus large du public intelligent, il y aurait indigne lâcheté à paraître ignorer que la majorité de mes lecteurs auront quelque répugnance à trouver ici les conclusions auxquelles j’ai été conduit sur ce sujet par l’étude la plus attentive et la plus consciencieuse que j’en aie pu faire.

On s’écrie de tous côtés : « Nous sommes hommes et femmes et non point seulement une meilleure espèce de singes, avec une jambe un peu plus longue, un pied plus compacte et un cerveau plus volumineux que vos brutes de chimpanzés et de gorilles ! La faculté de connaître, la conscience du bien et du mal, la tendresse pleine de compassion des affections humaines, nous élèvent au-dessus de toute réelle intimité avec les bêtes, quelque près qu’elles semblent nous approcher ! »

À cela je puis répondre que l’exclamation serait plus juste et qu’elle aurait toutes mes sympathies si elle était seulement un peu plus concluante. Mais ce n’est pas moi qui fais reposer la dignité de l’homme sur son gros orteil ou qui insinue que nous sommes perdus si le singe possède un petit hippocampe ! Tout au contraire, j’ai fait de mon mieux pour dissiper cette vanité. Je me suis efforcé de montrer qu’aucune ligne anatomique de démarcation plus profonde que celles qui existent parmi les animaux qui sont immédiatement au-dessous de nous, ne peut être tracée entre le règne animal et nous-mêmes ; et j’ajouterai ici l’expression de ma croyance : que toute tentative en vue d’établir une distinction psychique est également futile, et que même les facultés les plus élevées du sentiment et de