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de l’homme et des animaux.

auteur a non moins réussi à prouver surabondamment qu’une telle sélection est suffisante pour produire des formes anatomiques aussi distinctes que le sont même quelques-uns des genres ; si donc le monde vivant ne nous présentait que des différences anatomiques, je n’hésiterais pas à dire que M. Darwin a démontré l’existence d’une cause physique véritable, amplement suffisante pour rendre compte de l’origine de tous les êtres vivants et de l’homme parmi eux.

Mais, outre leurs diversités anatomiques, les espèces animales et végétales, ou tout au moins un grand nombre parmi elles, nous offrent des caractères physiologiques : celles qui, anatomiquement, appartiennent à des espèces différentes, sont pour la plupart ou tout à fait incapables de se croiser, ou, si le croisement est possible, le produit métis ou l’hybride n’est point apte à perpétuer sa race avec un autre hybride de la même provenance.

Or, pour admettre une cause véritablement efficiente dans le monde organique, il faut qu’elle satisfasse à une condition unique : rendre compte de tous les actes organiques qui sont placés dans la sphère de son action. Si elle est incompatible avec l’un quelconque de ces faits, elle doit être rejetée ; si elle fait défaut à l’explication d’un phénomène donné, elle est, dans cette mesure, insuffisante, et dans cette mesure elle doit être mise en suspicion, quoique cependant elle ait le droit d’être provisoirement admise.

L’hypothèse de M. Darwin n’est, que je sache, incompatible avec aucun fait biologique connu ; tout au contraire, si elle est admise, les faits qui se rattachent au développement, à l’anatomie comparée, à la distribution géographique et à la paléontologie, trouvent un lien qui les réunit et prennent une signification qu’ils n’avaient jamais eue auparavant ; en ce qui est de moi, je suis parfaitement