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rapports anatomiques

en vertu des modifications graduelles d’un singe anthropomorphe, soit dans le second cas à titre de rameau d’une même souche primitive que celle des singes.

Actuellement, un seul procédé de causalité organique trouve quelques preuves en sa faveur ou, en d’autres termes, il n’y a, en ce qui touche l’origine des espèces animales en général, qu’une seule hypothèse qui ait une existence scientifique, celle qui a été avancée par M. Darwin. Quant à Lamark, si sagaces que soient quelques-unes de ses vues, elles sont trop mêlées d’imperfections et même d’absurdités pour ne point avoir laissé se perdre les bienfaits que son originalité aurait pu réaliser, s’il avait été dans ses conceptions plus sobre et plus prudent ; et quoiqu’il me soit revenu touchant la promesse qu’on aurait faite d’une doctrine sur « le progrès continu et régulier des formes organiques, » il est évident que le premier devoir d’une hypothèse est d’être intelligible, et qu’une proposition vague et confuse de ce genre qui peut être lue dans tous les sens avec le même degré de signification n’existe réellement pas, quoiqu’elle semble exister[1].

C’est pourquoi la question des relations de l’homme avec les animaux inférieurs se fond d’elle-même, quant à présent, dans le problème plus large de la possibilité ou de l’impossibilité des vues de M. Darwin. Mais ici nous abordons un terrain couvert de difficultés, et il nous importe de définir avec le plus grand soin notre position exacte.

On ne peut mettre en doute, à mon avis, que M. Darwin n’ait réussi à établir d’une manière satisfaisante que ce qu’il appelle sélection ou modifications sélectives doit se présenter et se présente en effet dans la nature ; le même

  1. Si le lecteur veut bien se reporter page 59, il verra, en lisant le texte de Lamarck, que M. Huxley porte ici un jugement d’une sévérité excessive.