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rapports anatomiques

conséquence est que la fonction de support repose entièrement sur la jambe et sur le pied — ne soit un progrès organique qui lui est de la plus grande utilité. Mais, somme toute, les analogies du pied du gorille et de celui de l’homme sont beaucoup plus frappantes que leurs différences.

Je me suis quelque peu étendu sur ce point, parce que c’est l’un de ceux sur lesquels beaucoup de préjugés sont répandus ; mais j’aurais pu le négliger sans nuire à mon argumentation qui consiste seulement à démontrer que, quelles que soient les différences entre la main et le pied de l’homme d’une part, et d’autre part ceux du gorille, les singes inférieurs, comparés au gorille, offrent, sous ce rapport, des différences beaucoup plus considérables.

Il n’est pas nécessaire, pour obtenir sur ce chef une preuve décisive, de descendre l’échelle plus bas que l’orang :

Le pouce de l’orang diffère plus de celui du gorille, que celui-ci ne diffère du pouce de l’homme, non-seulement parce que le premier est plus, court, mais encore à cause de l’absence de tout long fléchisseur spécial[1]. Le carpe de l’orang, comme celui de la plupart des singes inférieurs, contient neuf os, tandis que celui du gorille, de même que ceux de l’homme et du chimpanzé, n’en compte que huit.

Le pied de l’orang s’écarte plus encore (fig. 33) : ses très-longs orteils et son tarse raccourci, son gros orteil

  1. S’il était bien démontré que le gorille et le chimpanzé n’ont réellement pas de long fléchisseur, ainsi que le veulent Gratiolet et Alix, cette différence s’effacerait. (Voir la note de la page 217). M. Auzoux, cité par M. Duchenne (loc. cit., p. 525) a découvert que « le petit tendon » du gorille se perd dans le faisceau de l’index qui provient du fléchisseur superficiel des doigts. (Trad.)