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de l’homme et des animaux.

pour le groupe simien. Mais la plus superficielle investigation anatomique montre de prime-saut que la ressemblance de la prétendue « main de derrière » avec la vraie main ne va pas plus loin que la peau, et que, sous tous les rapports essentiels, le membre postérieur du gorille est terminé par un pied aussi véritablement que celui de l’homme (fig. 33). Les os du tarse, sous tous les rapports importants de nombre, de disposition et de forme, ressemblent à ceux de l’homme ; d’une autre part, les métatarsiens et leurs appendices digitaux sont proportionnellement plus longs et plus grêles, tandis que le gros orteil est non-seulement plus court et plus faible, mais que le métatarsien qui lui correspond est uni au tarse par une articulation plus mobile. Enfin, le pied est articulé sur la jambe plus obliquement qu’il ne l’est chez l’homme. Quant aux muscles, il y a un court fléchisseur, un court extenseur et un long péronier, tandis que les tendons du long fléchisseur, du gros orteil et des autres orteils sont réunis entre eux avec un faisceau charnu accessoire.

Le membre postérieur du gorille se termine donc par un véritable pied avec un gros orteil mobile. C’est un pied, à vrai dire, préhensible, mais ce n’est en aucune façon une main ; c’est un pied qui ne diffère de celui de l’homme par aucun caractère fondamental, mais seulement dans ses proportions, dans son degré de mobilité et dans l’arrangement secondaire de ses parties.

On ne doit pas croire, toutefois, qu’en parlant de ces différences comme n’étant point fondamentales, ce soit mon désir de diminuer leur valeur ; elles sont importantes en soi, la structure du pied étant, dans chaque cas, en étroite corrélation avec celle du reste de l’organisation. On ne peut davantage mettre en doute que la plus grande division du travail physiologique chez l’homme — division dont la