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semble être une insolente caricature, qu’au réveil d’une soudaine et profonde défiance à l’égard de théories autrefois honorées et de préjugés profondément enracinés en ce qui concerne sa place dans la nature et ses relations avec la vie du monde inférieur ; et tandis que, pour celui qui ne réfléchit pas, une telle pensée reste à l’état d’obscur soupçon, elle devient un argument considérable, fécond en déductions profondes, pour tous ceux qui sont au courant des récents progrès des sciences anatomo-physiologiques.

Je me propose maintenant de développer brièvement cette thèse, et d’exposer sous une forme intelligible à ceux-là mêmes qui ne possèdent aucune notion particulière de l’anatomie, les faits principaux sur lesquels doivent être fondées toutes les conclusions, en ce qui touche la nature de l’homme et l’étendue des liens qui l’unissent au règne animal. J’indiquerai ensuite la seule conclusion directe, qui, dans mon opinion, soit justifiée par les faits, et finalement je discuterai la portée de cette conclusion, eu égard aux hypothèses qui jusqu’ici ont eu cours sur les origines de l’homme.

Quoique ignorés de beaucoup de ceux qui se prétendent les directeurs de l’esprit public, les faits sur lesquels je voudrais d’abord appeler l’attention du lecteur sont d’une démonstration facile et sont universellement reconnus par les savants ; leur signification est d’ailleurs si considérable, que celui qui en aura fait l’objet de ses méditations sera peu surpris, je crois, aux révélations ultérieures de la biologie. Je veux parler des faits qui ont été découverts et établis par l’étude du développement des êtres organisés.

C’est une vérité d’une application bien générale, sinon universelle, que toute créature vivante commence son existence sous une forme différente de celle à laquelle elle est