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tèmes théologiques ou philosophiques, ou qui, voilées dans une langue harmonieuse, suggèrent les idées plus qu’elles ne les savent affirmer et donnent à une époque sa forme poétique.

Chacune des solutions offertes à cette grande question — invariablement déclarée complète et définitive, sinon par celui-ci même qui, le premier, l’a proposée, au moins par ses successeurs — reste tenue en haute estime pendant un siècle ou, selon les circonstances, pendant vingt siècles, mais, invariablement aussi, le temps vient prouver que ces solutions n’étaient que des approximations de la vérité, qui ne pouvaient être tolérées qu’en raison de l’ignorance de ceux qui les avaient acceptées et devenaient tout à fait inadmissibles, quand on les soumettait à l’épreuve des connaissances nouvelles et plus profondes acquises par ceux qui leur succédaient.

C’est se servir d’une métaphore usée, que de comparer la vie d’un homme à la métamorphose de la chenille en papillon ; mais la comparaison serait à la fois plus juste et plus neuve si, pour premier terme, nous prenions, au lieu de la vie d’un homme, le développement mental de la race humaine. L’histoire montre que l’esprit humain, nourri par un constant apport de connaissances nouvelles, grandit périodiquement au point de ne pouvoir tenir dans une enveloppe qu’il déchire pour apparaître sous une forme nouvelle, de même que la chenille qui se nourrit et grossit, brise sa peau trop étroite et en prend une nouvelle, elle-même temporaire. À la vérité, l’état parfait de l’homme semble être bien lointain, mais chacune des mues de l’esprit nous en rapproche d’un pas, et de ces pas nous comptons un grand nombre. Depuis la Renaissance, qui a permis aux races occidentales de l’Europe de poursuivre la route qui conduit à la vraie science, route ouverte par les philosophes,