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au seizième siècle

« Il y a par le monde beaucoup de cannibales dans les Indes orientales, au Brésil et ailleurs, mais il n’y en a point tels que ceux-là qui mangent non-seulement leurs ennemis, mais encore leurs parents. »

Les artistes qui ont orné l’ouvrage de Pigafetta ont fait de leur mieux pour mettre le lecteur en mesure de se rendre compte de cette description des Anziques, et la boucherie sans exemple qui est représentée dans la figure 13 est le fac-similé d’une partie de leur planche XII.

La description du compte rendu qu’a fait M. Du Chaillu des Fans est singulièrement d’accord avec ce que Lopez rapporte ici des Anziques. Il parle de leurs petites arbalètes, de leurs flèches courtes, de leurs haches et de leurs couteaux « ingénieusement engaînés dans de la peau de serpent. Ils se tatouent, ajoute-t-il, plus qu’aucune des autres tribus que j’ai rencontrées au nord de l’équateur. » Tout le monde sait ce que M. Du Chaillu a rapporté de leur cannibalisme : « Bientôt, dit-il, nous rencontrâmes une femme qui leva tous nos doutes. Elle tenait tranquillement à la main une cuisse détachée d’un corps humain, comme une de nos ménagères rapporterait du marché un gigot ou une côtelette[1]. » L’artiste qui a illustré l’ouvrage de Du Chaillu ne peut, en général, être accusé d’un défaut quelconque d’audace quand il représente les assertions de son auteur ; il est donc regrettable, qu’avec de telles dispositions, il ne nous ait point donné un pendant convenable au dessin des frères de Bry.



  1. Du Chaillu, Voyages et aventures, etc., édition française, p. 149. Un autre passage du même auteur est aussi catégorique : « Quand j’eus visité la maison qui m’était destinée, on m’emmena à travers le village, et là je vis des traces encore plus effrayantes de cannibalisme : c’étaient des tas d’ossements humains amoncelés avec d’autres abats des deux côtés de chaque maison. » (P. 151.)