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histoire naturelle

bien qu’il s’approche de son adversaire en se tenant courbé.

« Quoiqu’il ne fasse jamais le guet, dès qu’il entend, qu’il voit ou qu’il flaire un homme, il pousse immédiatement son cri caractéristique, se prépare au combat et prend toujours l’offensive ; son cri est plutôt un grognement qu’un hurlement, il ressemble à celui du chimpanzé en colère, mais il est beaucoup plus grave, on dit qu’on peut l’entendre à une grande distance. Il se prépare au combat en emmenant à une petite distance les femelles et les petits qui l’accompagnent d’ordinaire, puis il revient bientôt, avec sa crête chevelue redressée et dirigée en avant et sa lèvre inférieure fortement abaissée. Il lance en même temps son cri habituel, qui semble avoir pour but de terrifier son adversaire. Soudain, à moins qu’il ne soit mis hors de combat par une balle bien dirigée, il se jette sur son antagoniste, et le frappant avec la paume de ses mains, ou bien le saisissant d’une étreinte à laquelle on ne peut échapper, il le précipite sur le sol et le déchire de ses dents.

« On dit qu’il saisit un fusil et qu’il en broie immédiatement le canon entre ses dents. Le naturel sauvage de cet animal s’est bien révélé par la fureur implacable d’un petit qui a été amené ici. Il avait été pris très-jeune et élevé pendant quatre mois ; plusieurs moyens avaient été employés pour l’apprivoiser, mais il resta incorrigible au point qu’il me mordit une heure avant de mourir. »

    nais un couple de gorilles, le mâle était d’ordinaire assis sur un rocher ou contre un arbre dans le coin le plus obscur de la jungle ; la femelle mangeait à côté de lui, et ce qu’il y a de singulier, c’est que c’était presque toujours elle qui donnait l’alarme en s’enfuyant avec des cris perçants. Alors le mâle, restant assis un moment, et fronçant sa figure sauvage, se dressait ensuite avec lenteur sur ses pieds, puis jetant un regard plein d’un feu sinistre sur les envahisseurs de sa retraite, il commençait à se battre la poitrine, à redresser sa grosse tête ronde, et à pousser son rugissement formidable. Le hideux aspect de l’animal, à ce moment, est impossible à décrire » (p. 395).