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histoire naturelle

rapidement. Le mâle s’approche de son ennemi avec fureur, en poussant rapidement une série de cris horribles ; le chasseur l’attend, le fusil étendu, et s’il n’est pas sûr de son but, il permet au gorille de saisir le canon ; au moment où celui-ci, selon son habitude, le porte à sa bouche, le chasseur fait feu. Si le coup rate, le canon (au moins celui du fusil ordinaire, qui est mince), est broyé entre les dents et le combat est bientôt fatal au chasseur.

« À l’état sauvage, leurs habitudes sont en général les mêmes que celles du troglodytes niger ; ils bâtissent négligemment leurs nids sur les arbres, vivent des mêmes fruits et changent leurs lieux de rendez-vous, selon la force des circonstances. »

Les observations du docteur Savage ont été augmentées et confirmées par celles de M. Ford, qui a communiqué, en 1852, à l’Académie des sciences de Philadelphie, un travail intéressant sur le gorille. Citons les remarques de cet auteur, quant à la distribution géographique du plus grand de tous les singes anthropomorphes :

« Cet animal habite la série des montagnes qui traversent l’intérieur de la Guinée, du Camerones, au nord, à Angola, au sud, à environ 100 milles à l’intérieur, dans le pays que les géographes désignent du nom de montagnes de Cristal. Je ne saurais déterminer, ni au nord ni au sud, la limite de l’habitat de cet animal. Mais cette limite est sans doute à quelque distance au nord de cette rivière (le fleuve Gabon). J’ai été en mesure de m’assurer moi-même de ce fait, dans une excursion récente aux sources de la rivière de Money ou de Danger, qui se jette à la mer, à environ 60 milles de ce lieu. On m’a appris (et, à ce que je pense, de bonne source) qu’ils sont très-nombreux, dans les montagnes au sein desquelles cette rivière prend sa source, ainsi que fort avant au nord de celle-ci.