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des singes anthorpomorphes

des chimpanzés : en général les femelles sont plus nombreuses que les mâles. Mes interlocuteurs s’accordent tous pour avancer qu’on ne voit dans une seule bande qu’un seul adulte mâle ; que quand les jeunes mâles grandissent un conflit s’élève pour savoir qui dominera, et en tuant ou en chassant les plus faibles, le plus fort s’établit comme chef de la communauté. »

Le docteur Savage réfute les contes répandus sur les gorilles qui enlèvent les femmes et qui combattent victorieusement les éléphants, et il ajoute ensuite :

« Leurs habitations, si l’on peut les appeler ainsi, sont semblables à celles des chimpanzés et consistent simplement en quelques bâtons et branches touffues que supportent les fourches et les grosses branches des arbres. Elles ne sont point couvertes et ne sont occupées que la nuit.

« Ils sont extrêmement féroces et prennent toujours l’offensive ; ils ne fuient pas, comme le chimpanzé, devant l’homme ; ils sont un objet de terreur pour les naturels, qui jamais ne les combattent, si ce n’est pour s’en défendre. Le petit nombre de ceux qui ont été pris avaient été tués par les chasseurs d’éléphants et les trafiquants indigènes, au moment où ils se précipitaient soudain sur les hommes dans leur traversée des forêts.

« On dit que quand le mâle est découvert le premier, il pousse un cri terrible qui retentit au loin à travers la forêt, quelque chose comme kh-ah ! kh-ah ! prolongé et vibrant. Ses mâchoires énormes sont largement ouvertes à chaque expiration ; sa lèvre inférieure tombe sur le menton ; la crête chevelue et l’aponévrose occipoto-frontale sont contractés sur les sourcils, offrant un indicible aspect de férocité.

« Au premier cri, les femelles et les petits disparaissent