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histoire naturelle

ses chasseurs dayacks ; mais il faut dire aussi qu’un mâle énorme, de 4 pieds de hauteur, vécut en captivité sous son observation directe pendant un mois, et qu’on lui reconnut une mauvaise nature. « Il était, dit Müller, très sauvage et d’une force prodigieuse, mais faux et méchant au plus haut degré. Si quelqu’un s’approchait, il se levait lentement, avec un sourd grognement, fixait les yeux dans la direction selon laquelle il pensait à diriger son attaque, passait sa main lentement à travers les barreaux de sa cage et étendant alors ses longs bras, lançait soudainement un coup de griffe, ordinairement au visage. » Il ne cherchait jamais à mordre (quoique les orangs se mordent mutuellement), ses mains sont ses grands instruments d’attaque et de défense.

Son intelligence était très-étendue. Müller fait remarquer que quoique, en général les facultés de l’orang aient été trop hautement appréciées, si Cuvier avait vu cet individu il n’aurait pas considéré son intellect comme étant seulement un peu au-dessus de celui du chien.

Son ouïe était extrêmement fine, mais sa vue semblait moins parfaite. Sa lèvre inférieure était l’organe principal du toucher et jouait dans l’action de boire un rôle important : il la projetait extérieurement en auge de façon à recueillir la pluie ou la remplir du contenu d’une demi-noix de coco pleine d’eau qu’on lui donnait et qu’il versait dans le canal qu’il formait avec sa lèvre inférieure.

À Bornéo, l’orang-outang des îles malaisiennes prend le nom de mias parmi les Dyacks, qui en distinguent différents genres : les mias pappan ou zimo, mias kassu et mias rambi ; que ces dénominations se rapportent à des espèces ou seulement à des races et jusqu’à quel point, l’une quelconque d’entre elles peut se trouver identique avec l’orang de Sumatra (et M. Wallace pense que tel est le cas