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histoire naturelle

Les bras longs leur sont spécialement utiles, non-seulement pour grimper, mais encore pour rassembler des aliments empruntés aux branches auxquelles l’animal ne peut confier son poids. Les figues, les bourgeons et les jeunes feuilles de différents genres forment les principaux aliments de l’orang-outang. Des bandes d’écorce de bambou de 2 ou 3 pieds de long se trouvent quelquefois dans l’estomac des mâles. Ils n’ont pas la réputation de manger les animaux vivants.

Bien que lorsqu’il est pris jeune, l’orang-outang se domestique aisément et semble réellement rechercher la société des hommes, il est par nature sauvage et timide, quoique en apparence paresseux et mélancolique. Les Dayacks affirment que quand les vieux mâles ne sont blessés qu’avec des flèches, ils quittent quelquefois les arbres et se précipitent avec rage contre leurs ennemis, dont l’unique salut est dans une fuite rapide, car ils sont assurés d’être tués s’ils sont pris[1].

  1. Dans une lettre adressée à M. Waterhouse et publiée dans les Proceedings of the Zoological Society pour 1841, sir James Brooke dit : « En ce qui est des habitudes de l’orang, je dois dire qu’ils sont aussi lourds et aussi lents que l’on peut imaginer ; jamais, quand je les poursuivais, ils n’allaient assez vite pour m’empêcher de les suivre à travers une forêt assez épaisse. Alors même que des obstacles sur le sol, en nous gênant (telles, par exemple, que de traverser un cours d’eau enfoncé jusqu’au cou), leur permettaient de gagner quelque distance, on pouvait être sûr qu’ils s’arrêteraient et me permettraient de les rejoindre. Je n’ai jamais vu de leur part la moindre tentative de défense ; les morceaux de bois qui quelquefois nous craquaient aux oreilles étaient brisés par leur poids et non jetés, ainsi que quelques personnes le disent. Si cependant ils sont poussés à bout, les Pappans ne peuvent manquer d’être formidables, et un infortuné qui, avec une petite troupe essaya d’en prendre un énorme vivant, perdit deux doigts et fut cruellement mordu au visage ; l’animal, à la fin, lutta contre ses antagonistes et s’échappa.

    Mais, d’un autre côté, M. Wallace affirme qu’il les a plusieurs fois observés