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histoire naturelle

de vieux orangs qui, non-seulement ont perdu toutes leurs dents, mais encore qui trouvent si fatigant de grimper qu’ils vivent de ce qui tombe des arbres et de sucs d’herbes.

L’orang est paresseux et ne montre rien de cette merveilleuse activité qui caractérise les gibbons. La faim seule semble le mettre en mouvement ; une fois rassasié, il rentre dans le repos ; quand il est assis, il courbe son dos et penche sa tête, de façon qu’il regarde directement le sol ; quelquefois il soutient ses mains à une branche plus élevée ; d’autres fois, il les laisse pendre flegmatiquement à ses côtés. C’est dans ces attitudes que l’orang restera pendant des heures entières au même lieu, presque sans bouger, poussant seulement de temps à autre son grognement profond. Le jour, il grimpe habituellement du sommet d’un arbre à un autre, et il ne descend à terre qu’à la nuit ; si alors quelque danger le menace, il cherche refuge sous le taillis. Quand on ne lui donne point la chasse, il demeure longtemps dans la même localité, et quelquefois il s’arrête pendant plusieurs jours au même arbre, sur lequel il choisit, pour lui servir de lit, une place solide parmi ses branches. L’orang passe rarement la nuit sur le sommet d’un grand arbre, probablement pour éviter le vent et le froid ; mais aussitôt que la nuit tombe, il descend des hauteurs, et cherche un endroit propre à dormir dans les parties les plus sombres et les plus basses ou sur le sommet feuillu des petits arbres, parmi lesquels il choisit de préférence les palmiers nibong, les pandani ou quelqu’une de ces orchidées parasites qui donnent aux forêts primitives de Bornéo un aspect si frappant et si caractéristique. Mais quelque part qu’il se détermine à dormir, il se prépare une espèce de nid ; des branches et des feuilles sont entassées autour du lieu choisi et ployées en travers l’une sur