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des singes anthorpomorphes

L’orang est également réparti à Bornéo, excepté dans les montagnes et là où la population est dense. Dans les lieux favorables, le chasseur peut avoir la bonne fortune d’en rencontrer trois ou quatre en un seul jour. Sauf à l’époque de l’accouplement, les vieux mâles vivent d’ordinaire isolés. D’un autre côté, les femelles âgées et les mâles impubères se rencontrent souvent par deux ou trois ; quelquefois les premières ont des petits avec elles, quoique, quand elles sont pleines, elles se séparent et restent séparées après avoir donné le jour à leur produit. Il semble que les jeunes orangs restent pendant un temps exceptionnellement long sous la protection de leur mère, ce qui est sans doute la conséquence de leur long développement. Pendant qu’elle grimpe, la mère porte toujours sur son sein son petit, qui s’y maintient, en s’accrochant aux poils de sa mère[1]. À quelle époque de sa vie l’orang-outang devient-il apte à se reproduire, et combien de temps les petits restent-ils avec leur mère, voilà, ce que nous ignorons ; mais nous considérons comme probable qu’il n’arrive pas à l’état adulte avant l’âge de dix ou de quinze ans. Une femelle qui avait vécu pendant cinq ans à Batavia n’avait pas atteint le tiers de la hauteur des femelles sauvages. Il est probable qu’après avoir atteint l’état adulte, ils se développent encore, quoique lentement, et qu’ils vivent quarante ou cinquante ans. Les Dayacks[2] parlent

  1. Voyez, dans les Annals of natural History pour 1856, la description donnée par H. Wallace d’une jeune orang-outang. M. Wallace donna pour mère artificielle à son intéressante élève, un mannequin en peau de buffle, mais la ruse n’eut que trop de succès. Toute l’expérience passée du jeune orang l’avait conduit à associer l’idée de mamelon avec celle de poils ; comme il sentait ceux-ci, il consuma sa vie en vains efforts pour découvrir celui-là.
  2. Indigènes de Bornéo qui appartiennent à la famille malaise. (Trad.)