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des singes anthorpomorphes

tin[1], qui parle aussi d’après ses propres observations, dit des gibbons en général : « Éminemment doués pour vivre sur les arbres et déployant sur leurs branches la plus étonnante activité, les gibbons ne sont ni si maladroits ni si embarrassés qu’on peut l’imaginer quand ils se trouvent sur une surface plane. Ils marchent droit en se balançant sur les hanches, mais d’un pas rapide ; l’équilibre du corps exige ou qu’ils touchent le sol avec les doigts, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, ou qu’ils soulèvent les bras au-dessus de la tête, de façon à le mettre d’aplomb. De même que le chimpanzé, le gibbon pose et enlève d’un coup et sans aucune élasticité la plante de son pied, longue et étroite. »

Après tant de témoignages convergents sans autre lien entre eux que leur uniformité, on ne peut mettre en doute que les gibbons ne prennent communément et habituellement la position verticale. Mais les terrains plans ne sont pas ceux sur lesquels ces animaux peuvent déployer leurs facultés locomotives spéciales et remarquables, non plus que cette activité prodigieuse qui nous tenterait presque de les ranger parmi les mammifères volants plutôt que parmi les grimpeurs. M. Martin[2] nous a donné une description si excellente et pittoresque des mouvements de l’hylobates agilis, qui vivait dans le Jardin zoologique, en 1840, que j’en veux citer textuellement un passage. « Il est presque impossible de trouver des mots qui donnent une idée de la vélocité et de la grâce adroite de ses mouvements. On peut en quelque sorte les appeler aériens, car elle semble effleurer à peine les branches au milieu desquelles elle exécute ses mouvements ascensionnels. Ses mains et ses bras sont

  1. Martin, loco cit., p. 418.
  2. Ibid., p. 430.