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des singes anthorpomorphes

se distend considérablement et diminue de nouveau quand le singe se tait[1].

M. Duvaucel affirme pareillement que le cri du siamang peut être entendu à plusieurs milles. De même M. Martin[2] nous donne le cri de l’agile gibbon, dans une chambre, comme « écrasant et assourdissant » et « bien calculé quant à sa force pour résonner à travers les vastes forêts. » M. Waterhouse, musicien accompli non moins que naturaliste, dit : « La voix du gibbon est certainement beaucoup plus puissante que celle de tous les chanteurs que j’ai jamais entendus. » Et cependant on doit se rappeler que cet animal n’a pas la moitié de la taille de l’homme et qu’il est, toutes proportions gardées, encore moins volumineux[3].

On sait par des témoignages dignes de foi que plusieurs espèces de gibbon prennent aisément la situation verticale. M. Georges Bennett[4], observateur excellent, en décrivant les habitudes d’un hylobates syndactylus mâle, qui fut pendant quelque temps en sa possession, dit : « Il marche invariablement debout lorsqu’il est sur une surface unie ; il a alors les bras pendants, ce qui lui permet de s’appuyer sur la face dorsale de ses deuxièmes phalanges (knuckles) ; le plus ordinairement il tient les bras élevés, presque droits,

  1. Le nom générique Hylobates vient de ὑλάω j’aboie, et βαίνω, je marche. (Trad.)
  2. « Man and monkies » (p. 403).
  3. Sa taille varie, selon Duvaucel, entre 0m,90 et 1m,15. Cet auteur rapporte qu’il a vu souvent les siamangs femelles « porter leurs enfants à la rivière, les débarbouiller malgré leurs plaintes, les essuyer, les sécher, et donner à leur propreté un temps et des soins que dans bien des cas nos propres enfants pourraient envier. » Duvaucel est « tenté de les attribuer à un sentiment raisonné. » Il faut avouer qu’on le serait à moins, et que si Duvaucel n’a pas succombé à cette tentation, il a montré une résistance extraordinaire aux suggestions du sens commun. (Trad.)
  4. Bennett, Wanderings in New South Wales, vol. ii, ch. viii, 1834.