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des singes anthorpomorphes

« plus petit monstre » de Battell étant ainsi nettement prouvée, on eut de fortes raisons de croire à la découverte, tôt ou tard, de son « grand monstre, » le pongo. En effet, un voyageur moderne, Bowdich, a, en 1819, trouvé parmi les naturels de forts témoignages en faveur de l’existence d’un autre grand singe appelé l’ingena, haut de 5 pieds, large de 4 pieds à la hauteur des épaules, se bâtissant une hutte grossière, sur laquelle il dort la nuit.

En 1847, le docteur Savage a eu la bonne fortune d’ajouter à nos connaissances sur les singes anthropoïdes un nouvel et plus important document. Étant retenu inopinément près du fleuve Gabon, il vit dans la maison du révérend M. Wilson, missionnaire résident « un crâne que les indigènes disaient être celui d’un animal semblable à un singe et remarquable par sa taille, sa férocité et ses coutumes. » D’après la configuration du crâne et les informations obtenues de plusieurs indigènes intelligents, « j’ai été conduit, dit le docteur Savage (se servant du terme orang dans son ancien sens général), à croire qu’il s’agissait ici d’une nouvelle espèce d’orang. J’exprimai cette opinion à M. Wilson, en y ajoutant mes vœux à l’égard d’investigations ultérieures, si cela se pouvait, pour la solution d’un tel problème par l’étude d’un spécimen mort ou vivant. » Les résultats des efforts combinés de MM. Savage et Wilson furent non-seulement d’obtenir un compte rendu très-complet des mœurs de ce nouvel être, mais encore de rendre à la science un service encore plus important en permettant à l’excellent anatomiste américain, le professeur Wyman, de décrire, d’après des matériaux suffisants, les caractères ostéologiques distinctifs de cette nouvelle forme organique. L’animal en question était désigné par les indigènes du Gabon sous le nom de engé-ena, évidemment identique à l’ingena de Bowdich, et le doc-