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histoire naturelle

pongo de Wurmb était un monstre deux fois plus grand, fort, féroce et d’une apparence bestiale ; sa volumineuse et saillante mâchoire, armée de fortes dents, était déformée par le développement de ses joues en deux lobes charnus.

Plus tard, grâce aux habitudes de marauderie des armées révolutionnaires, le squelette du pongo fut apporté de Hollande en France, et des notes furent publiées, en 1798, par E. Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier, destinées tout spécialement à démontrer la différence complète de ce squelette avec celui de l’orang-outang et son affinité avec le babouin.

Même dans le Tableau élémentaire de Cuvier et dans la première édition de son grand ouvrage le Règne animal, le pongo est classé comme une espèce de babouin. Cependant, dès 1818, il paraît que Cuvier eut des raisons pour changer d’opinion et pour adopter les vues suggérées plusieurs années auparavant par Blumenbach[1] et après lui par Tilesius, à savoir que le pongo bornéen est simplement un orang-outang adulte. En 1824, Rudolphi démontra par l’état de la dentition, plus explicitement et plus complètement que ses prédécesseurs ne l’avaient fait, que les orangs décrits jusqu’à cette époque étaient tous de jeunes animaux et que les dents et le crâne d’un adulte seraient semblables à ceux du pongo de Wurmb. Dans la seconde édition du Règne animal (1829), Cuvier infère des « proportions de toutes les parties » et de « l’arrangement des foramina et des sutures de la tête », que le pongo est l’adulte de l’orang-outang, » ou d’une espèce qui lui serait alliée de très-près, » et cette conclusion fut placée hors de doute par le mémoire du professeur Owen, publié dans les

  1. Voy. Blumenbach, Abbildungen naturhistoricher Gegenstände, no  12 ; 1810, et Tilesius, Naturhistorische Früchte der ersten kaiserlich-Russichen Erdumsegelung, p. 115, 1813.