Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
des singes anthorpomorphes

Il n’est pas difficile de reconnaître exactement la région dont parle Battell. Longo est sans doute le nom du pays ordinairement appelé Loango sur les cartes, Mayombe est situé à dix-neuf lieues environ de Loango, sur le littoral ; et Cilongo ou Kilonga, Manikesocke et Motimbas sont encore mentionnés par les géographes. Cependant le cap Negro de Battell ne peut pas être le cap Negro moderne, qui est situé au 16e degré de latitude sud, puisque Loango lui-même est placé au 4e degré de latitude sud. D’un autre côté, la « grande rivière appelée Banna » correspond très-bien aux rivières appelées par les géographes modernes la Camma et le Fernand Vas, qui forment un grand delta sur cette partie de la côte africaine.

Cette contrée de Camma est située à peu près à un degré et demi sud de l’équateur, tandis qu’à quelques milles au nord de la ligne coule le Gabon, et à un degré en environ au nord de ce dernier fleuve, la rivière Money, toutes deux très-connues des naturalistes modernes comme les endroits d’où proviennent les plus grands singes anthropomorphes. En outre, encore à présent, le mot engeco ou n’schego est appliqué par les naturels de ces contrées à la plus petite des deux espèces de grands singes qui les habitent. On ne peut donc pas douter raisonnablement qu’André Battell ne parlât de ce qu’il connaissait par sa propre expérience, ou tout au moins par des récits directs des naturels de l’Afrique occidentale. Néanmoins « l’engeco » est cet « autre monstre » dont Battell « a oublié de relater » la nature, tandis que le nom de pongo appliqué à l’animal dont le caractère et les habitudes sont si entièrement et si soigneusement décrites semble s’être éteint au moins dans sa forme et dans sa signification premières. En effet, il est évident que non-seulement du temps de Battell, mais même à une date plus récente, on employait le nom