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les anthropoïdes et les hommes.

quée, comparable à celles du Mexique et du Pérou, par rapport aux tribus du nord de l’Amérique et de l’Australie. Ce fait incontestable, que M. Broca a comparé à l’aptitude à la domestication ou à son impossibilité, éclaire l’une des lois du progrès organique qui, ainsi que Darwin, l’a admirablement montré, n’est ni universel, ni constant.

M. Littré, dans ses éloquentes Paroles de philosophie positive, a noté quatre degrés successifs dans le développement humain : le besoin, dit-il, qui est le degré inférieur et premier ; le moral, qui est le second ; le sens et la culture du beau, qui est le troisième, et la science, qui est le quatrième. Dans un écrit tout récent sur les Phases sociales, M. Letourneau a établi sur des faits solides une succession analogue, à laquelle il donne les besoins comme mobile, en distinguant des besoins végétatifs, sensitifs, moraux et affectifs, et scientifiques[1]. Des travaux de cet ordre, et non de vaines spéculations métaphysiques sur l’essence des êtres, nous donneront quelque jour les véritables lois du progrès humain.

Mais laissons ces questions compliquées et résumons ces données : nous avons vu que les races humaines contemporaines les plus inférieures ne s’élèvent que de fort peu de degrés au-dessus de certains animaux. Pour autant que nous en pouvons juger,

  1. Letourneau, Bulletins de la Société d’anthropologie, 1867.